Warda Sadoudi et Bouchera Azzouz en Une du Républicain Lorrain
La journaliste Saada-Gisèle Sébaoui a écrit un article au sujet du déplacement de Warda Sadoudi et Bouchera Azzouz invitées par les gendarmes de Thionville. Voici le contenu de cet article paru dans l”édition de Thionville du Républicain Lorrain daté du 4 Juin 2009.
NPNS à la table des gendarmes
Invitées par l’adjudant Fénot, référent en matière de violences conjugales, Azzouz Bouchera et Warda Sadoudi ont partagé leurs expériences avec les gendarmes de la compagnie.
« Dans les cités, les femmes sont mères ou putains. Entre les deux, il n’y a rien. Comprendre pourquoi les garçons en sont arrivés là permet une approche plus efficace de la problématique ». Depuis Paris, la secrétaire générale de NPNS, Azzouz Bouchera et Warda Sadoudi (présidente de Home) sont venues à Thionville apporter leurs éclairages aiguisés sur la difficile équation filles-garçons dans les quartiers. Rencontre avec deux femmes de grande vertu.
Percer les secrets des jeunes des quartiers sensibles, de leurs frasques et démêlés avec la justice n’est pas chose simple pour l’ensemble des autorités. L’association nationale NPNS siégeait vendredi à la table de celles de la circonscription pour partager une expérience aiguisée.
Filles-garçons, mode d’emploi
Nous sommes plus que satisfaites des échanges obtenus autour de cette table. Satisfaites d’avoir été audibles et de constater que nous ne sommes pas seules à mener le combat. Ça nous rassure car notre quotidien, sans l’association, est peuplé de cas souvent désespérants. Toutes ces femmes battues, ces mères menacées par des jeunes dealers, ces jeunes filles contraintes à un mariage forcé au sein de leur propre famille nous démontrent chaque jour qu’il nous est interdit de baisser les bras.»
Azzouz Bouchera et Warda Sadoudi, respectivement secrétaire générale du mouvement NPNS et présidente de Home s’étaient emparées ce vendredi de leur bâton de pèlerin pour venir prêcher la bonne parole en terres thionvilloises. De ces messages qui ont la prétention d’affronter l’étroitesse d’esprit, mais surtout de changer les mentalités chez les jeunes des quartiers sensibles. Pour échanger avec elles et piocher le plus instructif de leur expérience, des gendarmes à la pelle, des élus, une enseignante, un éducateur, une déléguée régionale des droits de la Femme, une représentante du centre d’information familial et féminin de Metz avaient investi l’amphithéâtre de la caserne des pompiers. Attentifs pour ne pas dire passionnés par des débats façon bruts de décoffrage. La faute à une problématique qui ne l’est pas moins.
Mères ou putains
« Le comportement des jeunes des quartiers urbains, qu’ils s’appellent Marmoud, Pierre, Paul ou Jacques, répond à des codes qu’il faut modifier d’urgence. A des schémas qui échappent à toute tentative pour les résoudre justement parce qu’ils ne sont pas analysés de la bonne manière, explique Azzouz Bouchera. A qui appartient le sexe des filles ? Tout part de cette question fondamentale. Celle qui ne met pas le nez dehors, ne fréquente personne, porte même le voile parfois pour apparaître comme quelqu’un de bien, sera respectable aux yeux des garçons. Celle qui aura été aperçue accompagnée d’un type, ou portant un tee-shirt moulant ou dont on dit qu’elle a couché, sera perçue comme une pute et donc exposée à toutes les violences simplement parce qu’elle tente de s’émanciper. Il faut avoir conscience d’une réalité : dans ces quartiers, les femmes sont mères ou putains». Des propos qui ont parfois pu surprendre le gendarme, cet interlocuteur privilégié de la victime : « Nous leur avons par exemple appris que l’argent du trafic de drogue sert essentiellement à financer des virées chez les prostituées, ni plus ni moins. Que ces trafiquants qu’ils fréquentent au quotidien, risquent chaque jour la prison et autre, pour se payer une belle voiture, des fringues de luxe et aller voir des filles de l’autre côté de la frontière ! »
Thionville à l’écoute
Ou lorsqu’une problématique s’ajoute à une autre : les violences conjugales encore : « La spirale infernale. Celle dans laquelle entre cette femme qui aurait le courage de quitter son mari. Celle d’une femme de cité qui va quitter un homme dont elle était la proie pour en devenir une autre : une mère seule avec enfant que les dealers vont contraindre à cacher leur drogue ».
Une seule note d’espoir dans ce monde de brutes décrit sans ambages : « Thionville, ses élus, ses forces de l’ordre, sont à l’écoute. Nous avons rencontré des gens dynamiques et pragmatiques qui savent coller aux réalités ». De quoi laisser présager une étroite collaboration.
Gendarme-référent
Il n’a pas son pareil pour parler de celles que l’on maltraite et de son combat contre les cogneurs. D’ailleurs, à force de monter au front, de dire ce que cela lui inspire, de communier avec celles et ceux qui pensent comme lui, l’adjudant Francis Fénot est devenu le gendarme-référent en matière de violences conjugales et autres sur le ressort de la compagnie de Thionville. Oeuvrant au sein de la brigade d’Uckange, il se fait fort, entouré d’une équipe sensibilisée au problème, d’accueillir la victime, l’écouter et l’orienter.
Pas un hasard si le duo de charme avait opté pour un détour par Thionville. A la faveur d’une précédente rencontre, ils n’avait eu de cesse de réitérer son invitation: « Parce qu’elles ont les mots qu’il faut, le discours adapté pour parler de cette violence. Dont la société n’a pas encore pris toute l’ampleur. Des choses restent taboues, les non-dits permettent à ce fléau de gagner du terrain et parfois même, la prise en charge judiciaire n’est pas adaptée, alors il faut agir d’urgence. C’est dans ce sens que les relais comme cette association sont importants. Parce que celles et ceux qui les créent côtoient les victimes au quotidien et surtout, connaissent bien les processus destructeurs. Notre coeur de métier, à nous gendarmes, c’est la procédure, le judiciaire, il se peut parfois, faute d’éclairage précis, que nous passions à côté d’un problème majeur, que malgré nos groupes de travail, nos colloques, nos statistiques, nos études au microscope, nous n’analysions pas correctement une situation complexe. Ce genre de collaboration ne peut donc qu’être fructueux ».Le 3919 reste le numéro d’appel national à apprendre par coeur par les victimes de violences conjugales et leurs proches. La brigade d’Uckange se met également à leur disposition au 03 82 86 17 17.
Passez mes amitiés à l’adjudant Fenot, nous étions au lycée ensemble et il avait déjà à l’époque une nature qu’on pourrait qualifier de chevaleresque.
C’est un fils respectueux qui est devenu de fait un adulte respectueux, je crois que souvent les choses commencent à ce niveau, si un fils en vient à ne plus éprouver de respect vis-à-vis de sa maman, il risque de ne jamais totalement respecter les femmes qu’il rencontrera plus tard au cours de sa vie d’adulte.
C’est une chose que Francis ressent profondément, c’est peut-être le combat d’une vie, je me demande s’il n’a pas trouver sa voie.
Bourru comme il pouvait quelques fois l’être à l’époque, chez lui la marque d’une réelle pudeur qu’il tentait de dissimuler sous des relents de virilité, je suis quasiment certain qu’il n’a rien laisser transfuser de son passé.
De même je suis sur que personne ne soupçonne l’étendue réelle de sa culture que ce soit en matière de musique, d’art, de littérature ou de philosophie.
Si Saint-Maixent ne mettait pas autant l’accent sur les sciences pures, il serait aujourd’hui officier depuis longtemps.
Je vous souhaite sincèrement d’autres collaborations avec lui, je me suis enrichi d’avoir pu le cotoyer il y a des années de cela, sous sa force transparait une sensibilité et un gout de la justesse du propos qui pourrait servir votre mission.
Et contrairement à ses propos, je pense qu’il n’avait pas tant besoin de vous pour vos mots, mais plutôt pour se sentir lui soutenu dans un combat mené dans une relative solitude.