Article dans Le Huffington Post cosigné avec Ouarda Sadoudi
Les Féministes doivent se battre pour l’Égalité maintenant !
Paru le 8 mars 2013
http://www.huffingtonpost.fr/ouarda-sadoudi/journee-de-la-femme-egalite_b_2836602.html
Alors que ce 8 Mars, nous fêtons la journée mondiale des femmes, nous devons rappeler à quel point la discrimination liée au sexe, demeure persistante, actuelle et insupportable dans notre société. Force est de constater que malgré les luttes, l’égalité n’est pas pour maintenant, ni pour les femmes, ni pour tous ceux victimes de discriminations.
Mais ne nous y trompons pas, nous, Féministes, sommes en partie responsables de l’inertie du combat pour l’égalité. Dès lors que les revendications féministes ont quitté le champ du social, et du sociétal, elles ont contribué à creuser depuis plus de 20 ans les inégalités.
Nous avons laissé s’installer un féminisme à deux vitesses, un féminisme de postures d’un côté, un féminisme bourgeois, s’enivrant encore des acquis et exploits de l’après Mai 68, abandonnant de l’autre côté, un féminisme d’urgence, un féminisme de luttes, un féminisme populaire, “point aveugle” du Féminisme, qui se bat seul, sans moyen, pour tenter de garantir à toutes l’application des lois et l’égal accès aux droits.
Il est loin le temps du procès de Bobigny, où les femmes, renversaient un ordre établit les assignant au rôle de mère, en arrachant à une assemblée machiste le droit à l’avortement et à l’IVG. Ce fut une avancée considérable, mais 40 ans plus tard, nous sommes en train de perdre ce droit pour les femmes des classes populaires.
Le rapport de l’IGAS de février 2010, décrit une situation déplorable d’inégalités territoriales d’accès à l’IVG, à la contraception et à l’éducation à la sexualité.
Inutile de dire que la relégation sociale s’accompagne d’une confiscation des droits élémentaires des femmes à disposer de leur corps, et plus largement, d’accéder aux mêmes outils d’émancipation que les femmes des classes supérieurs.
Il ne suffit pas de mettre en place des lois et des droits, et de penser que leurs applications coulent de source ! Chaque jour, est un combat où il faut lutter pour accéder à ses droits !
Qui s’indignent de cela ? Personne ou presque !
Voilà où l’inertie d’arrière garde a conduit les femmes des classes populaires :
L’alternative au chômage est l’emploi précaire, l’alternative aux emplois précaires, les trappes de l’assistanat et des minima sociaux, l’alternative à la violence, la résignation ou l’errance dans des centres d’hébergement d’urgence ou la rue, l’alternative à l’émancipation, l’assignation au rôle de mère, parce qu’il est en dernier recours le seul statut social reconnu et respecté pour une femme.
A la peste on propose le cholera !
Où est le plan Marshall du féminisme populaire pour faire face à une exclusion sociale structurelle et systémique ?
Il y a urgence, et ces deux féminismes doivent se rejoindre, parce que le Féminisme est le fer de lance du combat pour l’égalité. Il n’est pas simplement la question des femmes dans notre société, mais plus globalement celle des plus en marge, des plus fragiles, des plus précaires, des plus démunis, tous ceux qui attendent à la fois des droits et la conviction qu’ils y auront accès.
Dès lors que l’Égalité est en jeu, le Féminisme doit faire front !
Aujourd’hui, cette exigence doit nous pousser à prendre part dans le débat qui s’ouvrira ce 8 Mars à l’Assemblée Nationale, pour trancher sur la question de la PMA dans le cadre de la loi sur la famille. Les Féministes ont rendez-vous avec l’Histoire.
Elles ont un choix clair à faire celui de l’Égalité pour tous, sauf à s’enfoncer dans des contradictions, qui les conduiront très vite sur le banc de tous les rétrogrades, et autres défenseurs du “relativisme de l’égalité”, au côté d’une droite conservatrice, sectaire, ou encore des anti humanistes, comme des anti laïcs, ou des Indigènes de la République.
Mariage pour tous, PMA, GPA sont en réalité, indissociables. Nous n’échapperons pas à l’exigence et à la cohérence qu’imposent les valeurs fondatrices de notre République, sauf à y renoncer et à revenir à la France d’avant 1905.
La démocratie nous accorde de confronter nos points de vue, fondés sur nos croyances, nos certitudes, nos vérités, nos peurs. Mais au delà de nous, il y a un édifice, la République, qui depuis plus de 200 ans, tente de porter toujours plus loin l’égalité, la liberté, la fraternité, dans une perspective universaliste, en accompagnant le progrès des consciences en même temps que l’évolution des lois.
Si avant nous, d’autres ne s’étaient soulever avec force contre un modèle de société patriarcal inébranlable, alors les femmes n’auraient toujours aucun droit, et l’esclavage persisterait, parce que la Nature dicte la loi.
Aujourd’hui, il y a un nouvel ordre établit à renverser, pourvu qu’au sein des Féministes, demeure intacte la flamme des Lumières, l’esprit de Diderot ou d’Olympe de Gouje !
Ouarda Sadoudi, militante féministe.
Bouchera Azzouz, Présidente Fondatrice des Ateliers du Féminisme Populaire.
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